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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Si cet homme l’eût voulu, ma mère, la maison où nous ne sommes plus que des étrangers serait encore à nous…

Une poignante émotion serrait le cœur de Noémie. Picounoc regardait Victor avec une assurance étonnante.

— C’est toi qui m’accuses de la sorte ? dit-il…

— Oui, je vous accuse et je vous convaincrai !

— Voilà comme l’on juge mal, quand on ne juge que d’après les apparences. Ah ! vous tous qui m’entendez, souvenez-vous de cette parole : les apparences sont souvent trompeuses, et il ne faut jamais se hâter de condamner son semblable.

— Et votre lettre au notaire Baudin ? reprit le jeune avocat.

— Eh bien ! ma lettre ?

— N’est-elle pas une preuve de votre mauvaise foi ?

— Je ne crois pas, monsieur Victor.

— L’entendez-vous ? il ne croit pas que cette lettre le condamne ?

— De quelle lettre veux-tu donc parler, Victor ? demanda la veuve avec émotion.