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PICOUNOC LE MAUDIT.

je vous dois tout mon bonheur ! Comment pourrai-je m’acquitter envers vous ?

— Comment ? Noémie, répliqua Picounoc, vous ne l’ignorez pas, mais vous ne le voulez peut-être pas encore…

— Ma mère n’a plus rien à vous refuser, se hâta de dire le jeune avocat, qui entrevoyait tout-à-coup un avenir de félicité pour sa mère et pour lui-même.

— Vous l’entendez, Noémie, reprit Picounoc anxieux et presque tremblant.

— Vous nous avez comblés de tant de bienfaits ; vous venez encore d’accomplir une si généreuse action, que je croirais m’attirer la haine de mes amis et des reproches du bon Dieu, si je refusais plus longtemps de…

Elle n’acheva pas. Elle avait la chaste timidité d’une jeune fille.

— De devenir ma femme, Noémie ! achevez, de grâce ! dites-la cette parole que j’attends depuis vingt années et qui va me rendre le plus heureux des hommes !

— De devenir votre femme !… acheva-t-elle à voix basse en rougissant.