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PICOUNOC LE MAUDIT.

fille, dit-il à Picounoc, assez bas pour n’être pas entendu de Marguerite.

— Parle-lui, mon cher, tu connaîtras ses intentions, ses idées. Si elle n’a pas d’objection, je n’en ai aucune, répondit l’habitant. Et il sortit, laissant son ami seul avec Marguerite.

Le bossu, plein de confiance, crut que la chose était réglée d’avance, et qu’il n’avait qu’à s’annoncer. La gaîté toute nouvelle de Marguerite en faisait foi. Il s’approcha de la jeune fille, en se dandinant, la bouche en cœur, et la convoitise dans les yeux. Comme il se levait Geneviève entra. Il fut un peu décontenancé : Bah ! c’est une folle, pensa-t-il, qu’ai-je besoin de me soucier d’elle ?

Geneviève demanda une tasse de lait à Marguerite qui s’empressa de la servir, et lui offrit l’hospitalité pour la nuit. La folle se mit à danser pour manifester sa joie. Elle dansait encore bien. Le bossu lui dit : Tu te souviens encore de ta jeunesse, je crois.

— Te souviens-tu de la tienne, toi ? lui répliqua-t-elle brutalement.

— Non, je l’ai oubliée…

— Si tu l’as oubliée, je m’en souviens, moi.