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PICOUNOC LE MAUDIT.

autres — les jeunes — avaient du plaisir à voir ces mouvements capricieux, multiples, élégants des pieds, qui étaient inspirés par le rhythme de la musique. Et tout cela paraissait facile, tant c’était naturel ; il semblait que tout dépendait de la musique, et que le joueur de violon n’avait qu’à promener ainsi l’archet sur les cordes pour faire danser tout l’univers.

L’épluchette se termina donc par les jeux et la danse. Noémie, plus gaie que jamais, dansa beaucoup et avec chacun, même avec Picounoc. Elle dansait comme une poupée, tant elle était légère et souple. Picounoc avait, lui aussi, la jambe déliée et l’oreille sûre. Il battait les ailes de pigeon comme pas un, et ne perdait jamais une mesure quelque pas difficile, qu’il exécutât. Ils commencèrent une gigue tous deux. Jamais le gaillard ne dansa mieux de sa vie. Il n’y avait pas que le violon qui l’animât ; son cœur obéissait à une force mystérieuse plus entraînante et plus redoutable que les voluptueuses effluves de la musique ; et, pendant que ses pieds faisaient retentir la salle de leur bruit cadencé, ses regards luxurieux dévoraient l’innocente jeune femme,