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PICOUNOC LE MAUDIT.

Une jeune fille vint remplacer madame Joseph Letellier et la gigue continua. Le violonneux était infatigable, et ses talons retombaient de plus en plus fort, et toujours en mesure, sur le plancher retentissant. Un garçon salua l’ex-élève et dansa à son tour. L’ex-élève alla s’asseoir près de Noémie et de l’air le plus indifférent du monde, se mit à lui parler de mille riens. Joseph le regardait d’un œil soupçonneux. Picounoc regardait Joseph. Si Noémie souriait, ou jetait un regard sur son jovial compagnon.

— Vois-tu ? disait Picounoc… Vois-tu ?

— Je vois… répondait Djos d’un ton morne.

Après quelques instants, l’ex-élève s’éloigna de la maîtresse de la maison et prit, auprès d’Emmélie, une place que venait de laisser l’un des convives.

— As-tu remarqué quels regards ils ont échangés en se quittant ? insinua le traître Picounoc à son trop crédule ami.

Joseph ne répondit rien. Il n’avait rien, remarqué, et pour cause, mais il était triste.

Souvent une parole perverse, dite à dessein, détruit pour jamais la paix et la félicité d’un