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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Djos n’est pas de retour ? dit, il.

— Non, pas encore, répondit la femme.

— Vous ne viendrez donc pas à l’épluchette ?

— Il sera trop tard, bien sûr… et je crois que Djos aime autant rester ici.

— Peut-être, mais il a tort. On s’amuse à merveille… Il y a deux joueurs de violon : le petit Jean Lafripe et le gros Zaïe… On va danser.

— J’aimerais bien à y aller, mais……

Elle pesa d’un pied vigoureux sur la marchette du rouet, et le fuseau bourdonna plus fort, comme pour dissimuler le soupir qu’elle allait pousser du fond de son cœur malade.

— Vous n’êtes pas la même, Noémie, depuis quelques jours. Vous paraissez triste…

— C’est lui qui n’est plus le même.

Et une larme roula sur ses joues pâles.

— Il ne faut pas faire attention à ce petit caprice, ni se laisser attrister pour cela… ajouta l’hypocrite garçon ; vous savez ce qu’il a contre vous ? il vous l’a dit ?…

— Non… Je ne sais rien ; il ne m’a rien dit.