Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/105

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Des îles au front vert du sein des ondes naissent,
Et leurs bords, tour à tour, lentement apparaissent.
De vastes bancs de sable, en dangereux réseaux,
Serpentent quelquefois sous le voile des eaux.
C’est là, sur ce beau lac où tout le ciel se mire,
Que les voiles au vent, s’avance le navire.
Cartier se réjouit du merveilleux succès
Qui va, grâce au Seigneur, couronner ses projets.
Jamais, sous le soleil, si brillante contrée
À ses regards surpris ne s’est encor montrée.

― Mais la barque, soudain, vogue plus lentement.
Les voiles et les mâts s’inclinent lourdement ;
Dans le léger sillon qu’avec peine elle trace,
Le sable, soulevé, remonte à la surface.

Elle touchait. Bientôt, aux ordres superflus
Elle resterait sourde et n’avancerait plus.
L’ancre tombe aussitôt afin que davantage
Sur le banc dangereux le vaisseau ne s’engage.
On allège l’avant. On ferle en même temps
Les voiles qu’enfle encor le souffle des autans.

Sur le fleuve inconnu cependant, dès l’aurore,
Les courageux marins s’avancèrent encore.