Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/171

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Et, d’un oeil triste et morne, elle cherche la trace
Du bel ange vaincu disparu dans l’espace.
Alors le général eut un sourire amer.
Son cœur fut tout à coup troublé comme la mer
Quand souffle, vers la nuit, les vents froids de l’automne.
On l’entendit crier, comme le ciel qui tonne :

― « Je te ferai mentir, ô présage odieux ! »

Et, dans son désespoir, il parut radieux.
Il courut en avant de sa troupe vaillante.
Le vent soufflait toujours, et la neige mouvante
Toujours tourbillonnait comme les noirs pensers
Dans un cerveau malade.

                             Au pied des hauts rochers
Où Québec dort assis dans sa parure neuve,
Serpente un noir sentier. Au midi le grand fleuve
Ferme, de ses flots verts, le chemin tortueux.
C’est par là que s’envient le chef impétueux.
L’audacieux, il croit escalader l’enceinte,
Pendant que vers le nord, sur une attaque feinte,
Accourt la garnison. Il s’avance sans bruit.
Déjà le dernier poste apparaît dans la nuit,