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Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/188

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Réveillant tout à coup l’écho de l’horizon,
Des cuivres radiants monte la chanson fière.
Maint escadron surgit. C’est une armée entière.
Et, sous le rythme dur des sonores sabots,
Les guerriers endormis sentent frémir leurs os.

Dans la rade profonde, au pied de nos falaises,
Les navires nombreux, pareils à des fournaises,
Avec leurs tours de fer où grondent les canons,
Les navires puissants qui proclament les noms,
Les deux noms immortels d’Angleterre et de France,
Mêlent leurs grandes voix à cette exubérance
D’ivresse inattendue et de bruyants transports.
Le ciel à ces plaisirs semble s’unir alors.
Il allume dans l’air une clarté qui grise.
La matière s’éteint et tout s’idéalise.
Tout revêt, il nous semble, un éclat virginal.
La terre nous échappe, et, d’un vol triomphal
Vers des mondes nouveaux s’élance la pensée...
Cela pouvait-il être une ivresse insensée ?

Nous avons sans regret accordé le pardon.
Il nous faut oublier la haine et l’abandon :
L’abandon de la France et la haine saxonne,
Si l’heure de la paix est bien l’heure qui sonne.