Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/21

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De leur prochain retour au milieu de nos bois.
C’est peut-être leur Dieu : tous vinrent à la fois
Se jeter devant elle à genoux sur la terre.
Si nous la renversons, redoutons leur colère.

« Mais pourquoi le jongleur n’est-il donc pas ici ?
Lui qui se plaît, ô Chef, à nourrir ton souci,
Il n’ose pas venir nous raconter de songe.
Craindrait-il d’être enfin convaincu de mensonge ?
Tapi comme un renard au fond de son terrier,
Il ne redoute pas la flèche du guerrier.

« Pourquoi les hommes blancs nous tendraient-ils des pièges ?
Tu reverras tes fils, avant que plusieurs neiges
Aient au bois suspendu leurs éclatants flocons,
Car le grand Manitou sait consoler les bons.
J’ai dit. »
Et le vieillard vint s’asseoir en silence.
Il était le plus sage ; et sa mâle éloquence
Savait faire toujours prévaloir un conseil.
Quand il eut pris sa place, un murmure pareil
Au grondement lointain d’une haute cascade,
Fit trembler l’humble toit du chef de la bourgade,
Tous ne se rendaient pas à ses sages avis.
Des conseils de vengeance auraient été suivis,