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tif employait pour les capturer, recherchant dans leur chair l’aliment et le vêtement dans leurs dépouilles.

Lyell prétend que les armes en pierre et les ossements déterrés hors du lit de la Somme, en France, accusent une antiquité, d’au moins cent mille ans. D’autres savants ont porté à deux cents cinquante mille ans, l’ère où l’on chassait le Grand Élan d’Irlande, l’Urus et l’ours des cavernes. Pour les abattre, leur enlever la peau, le rude Nemrod d’alors n’avait que sa hache en pierre, sa lance et son couteau de silex.

J’ai souvenance d’une agréable matinée passée à York, Angleterre, en septembre 1881, à entendre un des nôtres, le savant professeur O. C. Marsh, de Yale College, Amérique, discourir, en présence de l’Association Britannique, sur les races éteintes. Il avait tracé en craie — grandeur naturelle — la silhouette d’un oiseau de la période Jurassique — l’archæoptérix — serpent quant à la partie inférieure ; se guidant sur trois squelettes, plus ou moins complets qui nous en restent : l’un déposé au British Museum, à

    on n’entendait partout que gémissements des victimes. Des villages entiers perdaient en un instant leur population humaine.

    Un cri de détresse universelle atteignit enfin les paisibles régions de l’Ouest : le Bon Esprit vint au secours des malheureux. La nue vomit des éclairs ; les éclats du tonnerre remuèrent le monde jusque dans ses plus profondes assises. Le ciel fit main-basse sur ces agents de destruction : les monts retentirent de leurs rugissements, du rôle de leur agonie.

    Tous succombèrent, excepté un mâle énorme, le plus féroce de tous, que l’artillerie céleste fut impuissante à foudroyer. Il gravit les cimes sourcilleuses qui cachent les sources de la Monongahela, et ivre de rage, il y défia la vengeance céleste.

    Le feu du ciel calcina les épinettes altières et fit jaillir en éclats les vieux chênes : mais le terrible monstre narguait les éléments conjurés…

    Rugissant, furieux, il enjamba les flots de la mer à l’Ouest ; en ce moment, il règne, en monarque absolu, au désert, malgré le Grand Esprit… »