désirs que l’orgueil seul m’empêchait d’avouer. Sans cette honte d’une aussi déraisonnable convoitise, j’aurais pleuré pour en avoir de pareils ! Cependant, nul ne sut que je les chérissais ainsi. En disant mon chapelet, je les regardais tellement que leur image m’obsédait ensuite : la nuit, je rêvais que je les avais, et j’étais heureuse autant qu’en paradis !
Devant d’autres statues en couleur, que je ne trouve pas belles maintenant, on a recommencé ce soir le traditionnel cantique : « C’est le mois de Marie—ie ! c’est le mois le plus beau—au ! » Il est vieillot et touchant. Les paroles simples et pieuses appellent tout de suite notre âme à l’Éternel, qui demeure toujours, de même que cette prière qui revient chaque année comme le printemps ; et l’on ne pense pas à sourire du paradoxe, en entendant se répéter pour la cent millième fois, sinon plus : « à la Vierge chérie, disons un chant nouveau ! »
Pendant que les vieux mots se chantaient, je m’en allais, malgré moi, emportée par mes souvenirs ; souvenirs confus, imprécis, des jeux et des joies de mai. En moi, je reprenais sans cesse le refrain : c’est le mois le plus beau !
C’était bien le mois le plus beau, voyez-vous. À part la dévotion à Marie, il y avait