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AUTOUR DE LA MAISON

de tapage, d’excitation, parce qu’il pleut et qu’il y a de l’électricité dans l’air…

Le train fait quatre ou cinq fois le tour de la maison, se hasarde dans le jardin, l’engin se met sous la gouttière pour prendre de l’eau, comme à la gare pour vrai. Nous rentrons, les cheveux et le cou trempés, mais extrêmement fiers ! Julie se fâche tout rouge, nous fuyons et le train s’abat sur le grand sofa de la salle : « Déraillés ! » crie Toto, et l’on s’étend pour rire, rire, rire encore !

Puis, l’on essaye de se détacher, mais les nœuds sont solides. On travaille, en reprenant haleine. À la fin, Marie fatiguée dit à Pierre : « Va chercher les ciseaux ». Pierre dit à Toto : « Vas-y donc, toi. » Toto lève la tête, nous regarde ironiquement, dit oui, et part comme le vent, nous traînant à sa remorque ! Nous avions oublié nos liens, et que la route de l’un devait être celle de l’autre !

* * *

Ah ! la belle insouciance des enfants qui jouent aux chars ! Pouf, pouf, pouf ! et tout est dit. Qu’on était loin de penser, alors, qu’un train est une chose qui s’en va, qui passe, emportant des heures qu’on ne reverra plus jamais !