gasin de Monsieur Archambault, qui possédait une balance et qui était bienveillant, Toto avait toujours profité d’une bonne livre ! Il assurait que c’était dû à ses pommes !
On revenait, mordillant un brin de foin ou effeuillant une marguerite : « Tu m’aimes à la folie, Marie, ou par jalousie, Toto ! » La rivière longeait la rue. On allait s’appuyer au garde-fou. Toto sortait de ses poches les cailloux qui avaient tout à l’heure augmenté son poids, et les lançait dans l’eau. On le surprenait et l’on s’écriait : « Hein, tu es pris ! C’est pas vrai que c’était les pommes qui t’avaient engraissé ! »
Les cailloux faisaient des ricochets que nous admirions. Mais le soleil plombait ; ses rayons pailletaient la rivière d’argent. Nous clignions des yeux. Autour de nous, il y avait des arbustes. On cassait les plus fines branches ; on enlevait l’écorce tendre et le bois était blanc et doux ; on discutait : « C’est ma hart qui sera la plus belle. — Non, c’est la mienne, elle est plus longue !… » Puis, faisant siffler les harts dans l’air chaud, cherchant l’ombre, nous retournions dans notre parterre.
On y jouait aux « quatre coins ». Comme il manquait un cinquième personnage, il n’y avait que trois coins et c’était toujours au