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AUTOUR DE LA MAISON

Il fut convenu que tante Estelle serait avertie et nous aiderait de ses conseils et de sa bourse. D’abord, il fallait qu’elle amusât Pierre tous les jours, pour qu’il ne sût pas qu’on répétait la comédie…

* * *

Et, quand il revenait des promenades qu’elle imaginait pour l’éloigner de nous, on avait des airs mystérieux et on lui disait : « Tu ne sais pas, petit Pierre, hum ! tu ne sais pas ! » — On l’agaçait, afin de lui faire payer d’avance la joie de la surprise. Il était bien gentil pourtant, Pierre. Il allait avoir sept ans. Il portait encore des habits russes, en piqué blanc, avec de grands cols matelot. Il était tout blond, avec des cheveux où le soleil mettait de l’or en reflets, et des yeux blonds aussi, d’une couleur indéfinissable ! Il avait un visage rose et frais. Dire que la barbe y pousse déjà…

Il était le petit de la bande ; on l’adorait. Il disait : “Quand je serai grand, je serai un gros t’homme” ! et l’on riait pour l’encourager à mépriser la grammaire, que nous commencions alors à apprendre.

Le quatre août arriva. Il fut entendu que la journée se passerait en répétitions et en préparatifs de tous genres. Nous avions