Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’attente déçue


Mademoiselle Lizette, toute seule, marche sur la grande route qui suit le bord du lac paisible. Les étoiles brillent et la lune, derrière un gros nuage, prépare son entrée dans le soir. Mademoiselle Lizette n’a point peur de marcher ainsi solitaire sur la route à demi obscure. Y eut-il jamais des malfaiteurs dans son village tranquille ?… Et puis, pense-t-elle seulement aux malfaiteurs ? Mademoiselle Lizette, qui est jeune, s’en va gaiement au bureau de poste et elle attend, elle attend sans le moindre doute, une bonne lettre. Aussi, elle trouve qu’au tournant du lac, là-bas, les lumières du chemin qui se reflètent dans l’eau ont l’air d’une file de lanternes chinoises allumées pour une fête. Le soir calme et sa solitude lui plaisent également. Sur la route déserte, elle est heureuse de rester muette et libre de rêver. D’avance, elle savoure le plaisir de recevoir tout à l’heure l’enveloppe qu’elle connaît. Elle voit le maître de poste la lui tendre et elle sourit. Elle est contente, absolument contente…