Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
COULEUR DU TEMPS

pour les œuvres, rendre de menus services aux religieuses.

Le « docteur » ne porte ni âge, ni toilette. Le « docteur », depuis toujours, se coiffe d’un chapeau noir tout rond, ni petit, ni grand, un chapeau classique qu’un ruban sans lustre entoure. Le « docteur », depuis toujours, couvre ses épaules minces d’une collerette courte en drap de deuil ; et sa jupe n’a jamais cessé d’être une jupe large, très longue, très plissée, ondulante. Le « docteur » est ainsi attifée aujourd’hui ; elle le sera demain ; elle l’était avant hier. Plus que cela, vous avez quitté le village il y a douze ou quinze ans ? En ce temps-là, « le docteur » était habillée comme aujourd’hui, et à travers les mêmes rues accomplissait les mêmes œuvres. Les rues, les maisons changent un peu : le « docteur » ne change pas.

Le « docteur » n’est pas une vieille femme néanmoins ; mais elle dût être une vieille fille à la fleur de l’âge.

Il y a beaucoup de ces destinées. Il y a, dans tous nos villages, des types semblables. Pures âmes dont les personnalités effacées se meuvent sans bruit dans un cercle restreint ; qui font leur part d’action méritoire pendant que le monde ne voit que leurs manies. Qui songe à découvrir leur valeur sous le ridicule qui la voile ? Qui