Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
COULEUR DU TEMPS

songe à bien interpréter leur excessive modestie ? Qui songe qu’elles prient pour les autres, tous les matins, à la messe qu’elles ne manquent pas, tous les après-midis à la visite au Saint-Sacrement qu’elles n’omettent jamais, tous les soirs à l’Angelus, lorsque, avant de rentrer dans leur chambre, où se continue d’ailleurs leur piété, elles vont encore et toujours prier dans le même banc, devant le même autel.

Si elles ne priaient pas pour les autres, pour qui prieraient-elles ? Elles sont tellement détachées des biens de ce monde. Elles s’amusent naïvement et sans frais ; elles ne voyagent pas. Elles ne font que des visites de miséricorde spirituelle et corporelle. Pauvres, elles sont à l’abri des revers troublants. Aimant le prochain sans chercher leur paix dans des attachements fragiles et parfois décevants, elles sont à l’abri de tous les sentiments qui déterminent des crises douloureuses ou simplement puériles, mais absorbantes !

Si elles sont ainsi, que pourraient-elles bien demander au Ciel, pour leur propre compte ? Leurs chapeaux noirs, leurs collerettes, leurs robes noires qu’elles paraissent ne jamais user, parce qu’elles sont renouvelées sur les mêmes modèles, révèlent clairement qu’elles ont renoncé à tout ce qui est vanité.