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COULEUR DU TEMPS

Parce que je ne vois pas, j’ai peur ! Cependant, tout à coup, j’ai honte de ma fâcheuse disposition d’esprit et je m’en vais, pour me ramener, faire une visite à l’église. Si c’est le soir et que l’ombre s’étende, je réfléchis mieux. Mes inquiétudes énervées s’apaisent, mon anxiété se modère. Ma raison triomphe. Elle me résume les événements qui ont traversé le passé heureux ou malheureux, elle me rappelle : « N’as-tu pas toujours constaté, qu’à la fin, tout tournait pour le mieux, même si tes prières pressantes avaient paru n’être point exaucées ? Tout ne s’est-il pas enchaîné providentiellement pour toi, jusqu’ici ? Pourquoi te faire une torture avec l’énigme de l’avenir ? Il sera ce que tu mériteras et ce que le bon Dieu voudra. Si tu le sers du meilleur de ton cœur, que peux-tu craindre ? »

Peu à peu, je retrouve mon âme tranquille, mon âme confiante. Seulement, l’idée fixe reste en moi ; c’est plus fort que tout, moi aussi je voudrais savoir ce que je serai dans dix ans, par où j’irai passer, ce que je verrai, ce que j’aimerai le plus.