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COULEUR DU TEMPS

emmène » ; et comme je refusais en me moquant, il a osé dire : « Vous avez peur ! »

Alors, je suis montée sur mon grand cheval, et j’ai mis mes principes en avant, et ma tranquillité parfaite et heureusement ignorante en face des mystères de la vie. Et il a cessé son indiscrète insistance, comprenant qu’il ne devait pas exciter à une curiosité malsaine ma paix confiante, bercée d’illusion !…

Comme il était intelligent et drôle, nous avons parlé d’autre chose.

Et je me demande maintenant jusqu’à quel point la blague entrait dans ce qu’il me racontait. Il m’a bien répété qu’il ne croyait pas sérieusement à sa clairvoyante ; mais il m’a aussi assuré qu’elle dormait pour vrai, la commère, et que, farces mises à part, elle lui avait dit une foule de vérités, et annoncé des événements qui se sont accomplis et qu’il n’attendait pas.

Au moment du bonsoir, de nouveau il est revenu à son sujet favori, en me menaçant : « Vous savez, je vais aller la revoir, ma clairvoyante, pour l’interroger sur vous, et savoir comment vous vous appelez dans les journaux ! »

Alors, pour lui épargner cet autre énorme péché, et le renseigner, je parle de lui comme il me l’a demandé !