Page:LeNormand - Couleur du temps, 1919.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les pires heures


Les pires heures dans la vie ne sont pas les heures d’épreuve ; ce sont les heures de morne indifférence…

Sentez-vous parfois, un beau matin, malgré le soleil et le ciel bleu, une torpeur peser sur vous ? Vous sentez-vous sans entrain, sans ardeur, sans joie ? Vous sentez-vous sans peine, sans tristesse, sans hâte, sans ambition, sans rêve, sans envie ?… Vous êtes là, l’âme engourdie, l’air ennuyée : vous ne voyez rien dans demain qui vous attire, vous ne voyez rien dans hier qui vous console. Votre cœur est comme pétrifié et vous êtes si complètement las et détaché de tout que vous vous demandez avec angoisse si vous aimez au monde quelque chose.

Vous tentez de vous secouer. Vous réfléchissez. Vous appelez le ciel. Vous vous accusez d’ingratitude et de mauvaiseté. Vous avez honte de votre tiédeur, vous vous sentez rapetissé, amoindri. Vous consultez votre passé. N’étiez-vous pas confiant ? Dans l’épreuve, n’avez-vous pas su déjà vous garder le front serein ? N’avez-vous pas eu même la force de remercier Dieu, de remettre tout en ses mains, de Le louer ?