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COULEUR DU TEMPS

coups de tête, lorsque Ti’Laire, soudain, aperçoit sur le plancher, en bas des trois marches sur la plus haute desquelles il est assis, un bouton. Un bouton ! Il se tourne vers Rabidibidoux, et le lui montre : ses sourcils et ses rides disent : « C’est-y à toi ? » L’autre secoue ses cheveux, et s’empresse d’unir son air le plus moqueur à celui des premiers fidèles qui l’observent ; ainsi ce sera bien évident qu’il rit de Tit’Laire autant qu’eux.

Tit’Laire s’en soucie bien, vraiment. Il examine le bouton de ses yeux avivés, et ensuite, palpe tous les endroits où il pourrait lui en manquer un semblable ; les manches, les devants de son pardessus d’une couleur sans nom qui tire sur le jaune ; puis les manches et les devants de son gilet ; il ne trouve aucun absent ; alors, tirant son pardessus de dessous lui, pour donner une chance à son bras de passer, il va constater si en arrière, ses bretelles tiennent toujours bien. Décidément, ce n’est pas à lui. Il pousse encore Rabidibidoux et l’interroge du même signe. Rabidibidoux hausse de nouveau ses lourdes épaules. Ce n’est donc ni à l’un ni à l’autre. Est-ce cependant une raison pour le laisser là ?

Tit’Laire qui ne veut faire aucun bruit, aucun scandale en se dressant pour descendre, se laisse glisser d’une marche à l’autre appuyé