Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La suppression de l’agrégation serait fort importante. Nous avons vu, en effet, par les dépositions de l’enquête, que si notre corps de professeurs est si faible au point de vue pédagogique, c’est que les nécessités du concours de l’agrégation en font des spécialistes au lieu d’en faire des professeurs. Un des meilleurs ministres de l’Instruction publique, M. Léon Bourgeois, l’a dit en termes excellents devant la Commission.

Le concours de l’agrégation pourrait tout au plus être maintenu pour l’enseignement dans les Facultés, bien qu’il fût infiniment préférable d’agir, comme en Allemagne, où les professeurs de l’enseignement supérieur sont choisis d’après la valeur de leurs travaux personnels, le succès de leur enseignement libre, et nullement d’après leur aptitude à réciter ce qu’ils ont appris dans les livres. La méthode allemande façonne des savants capables de faire avancer la science, la méthode française ne fabrique que des perroquets.

Mais nous n’avons à nous occuper ici que de l’enseignement secondaire et non de l’enseignement supérieur. Or, pour l’enseignement secondaire, il n’est aucunement besoin de spécialistes versés dans les subtilités des livres. De simples licenciés, dont la cervelle est moins bourrée de choses inutiles, sont infiniment préférables, et la meilleure preuve en est fournie par les professeurs de l’enseignement congréganiste, qui sont tout au plus licenciés. La plupart de nos répétiteurs, étant licenciés, sont très aptes, pourvu qu’ils possèdent les qualités pédagogiques nécessaires, à donner l’enseignement secondaire. Ce qu’il importe uniquement de savoir, c’est s’ils ont ces qualités pédagogiques.