Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/286

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auteur. Ce dernier point a des causes psychologiques très simples, et je ne le signale que pour montrer en passant l’intense absurdité des collections de morceaux choisis d’auteurs différents mises par l’Université dans les mains des lycéens.

Il ne faudrait pas supposer que l’élève qui aura ainsi appris à lire une langue en ignorera la grammaire, il la connaîtra au contraire parfaitement, l’ayant apprise inconsciemment par la pratique. Quand il aura lu des centaines de fois les mots unhappy, unchangeable, unacceptable, uncertain, il saura que un en anglais placé devant un mot indique la négation. De même en allemand. Le sens invariable des préfixes tels que aus, mit, durch, etc., se dégagera nettement de la lecture répétée des mots tels que auf gehen (se lever), mit gehen (accompagner), um gehen (aller autour), nach gehen (suivre), aus gehen (sortir), durch gehen (traverser), etc.

Si l’élève capable de bien lire l’anglais, veut passer ensuite à une autre langue, l’allemand par exemple, il devra d’abord prendre un livre allemand, dont la traduction littérale soit faite, non en français, mais en anglais, c’est-à-dire un livre à l’usage des Anglais qui veulent apprendre l’allemand. Quand il saura reconnaître quelques mots, il évitera soigneusement d’essayer de lire d’abord les grands auteurs classiques. Il commencera toujours par des traductions de français en allemand d’ouvrages intéressants, tels par exemple les Mille et une Nuits, dont il existe une bonne traduction allemande en deux volumes, ou encore les innombrables romans français, ceux d’Alexandre Dumas notamment, traduits en allemand dans la collection à 25 centimes le volume.