Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/306

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en toute liberté, silencieusement et sérieusement, leur besogne sans perdre une minute[1].

Même dans les grandes écoles anglaises, dont le prix ne permet l’accès qu’aux enfants des classes riches ne devant jamais avoir le besoin de gagner leur vie, le travail manuel est tenu en grande estime à cause de son rôle éducateur. À Harrow, dont les professeurs reçoivent de 20 à 60 000 francs d’appointements et le directeur 200 000 francs, il existe un atelier de menuiserie dirigé par un contremaître et où travaillent tour à tour les élèves. Il y a quelques années, le professeur de rhétorique était en même temps menuisier et mécanicien tellement habile qu’il fut chargé d’installer entièrement l’électricité dans l’établissement.

C’est dès les classes primaires que l’instruction expérimentale devrait être commencée, pour continuer ensuite dans l’enseignement secondaire et supérieur. Cette opinion n’a été soutenue devant la Commission d’enquête que par quelques rares professeurs. Je citerai parmi eux M. Morlet, qui a préconisé le travail manuel, la vue des objets ou la projection de leurs images, alors que « trop souvent les leçons des meilleurs maîtres ne laissent pas plus de traces que de beaux caractères marqués dans le sable »[2].

On ne saurait mieux dire, ni dans un sens plus contraire à notre esprit universitaire.

L’opinion qui résume le mieux cet esprit à propos des leçons de choses a été traduite de la façon suivante, par un inspecteur général de l’Université :

Les leçons de choses constituent un petit enseignement scientifique très prématuré.

  1. Éducation des classes moyennes en Angleterre.
  2. Enquête, t. II, p. 347. Morlet, censeur à Rollin.