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CHAPITRE II

Les foules dites criminelles


Les foules dites criminelles. — Une foule peut être légalement mais non psychologiquement criminelle. — Complète inconscience des actes des foules. — Exemples divers. — Psychologie des septembriseurs. — Leurs raisonnements, leur sensibilité, leur férocité et leur moralité.


Les foules tombant, après une certaine période d’excitation, à l’état de simples automates inconscients menés par des suggestions, il semble difficile de les qualifier dans aucun cas de criminelles. Je ne conserve ce qualificatif erroné que parce qu’il a été consacré par des recherches psychologiques récentes. Certains actes des foules sont assurément criminels si on ne les considère qu’en eux-mêmes, mais alors au même titre que l’acte d’un tigre dévorant un Hindou, après l’avoir d’abord laissé un peu déchiqueter par ses petits pour les distraire.

Les crimes des foules ont généralement pour mobile une suggestion puissante, et les individus qui y ont pris part sont persuadés ensuite qu’ils ont obéi à un devoir, ce qui n’est pas du tout le cas du criminel ordinaire.

L’histoire des crimes commis par les foules met en évidence ce qui précède.

On peut citer comme exemple typique le meurtre du