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institution pacifique fort utile pour régulariser les rapports entre patrons et ouvriers et n’incitant à la haine et à la révolte contre personne.

Ce phénomène impressionna beaucoup les ouvriers d’une délégation, chargée récemment d’aller étudier sur place, l’organisation du travail en Angleterre. Voici un extrait de son rapport :

Nous avons été frappés par l’esprit national qui anime nos amis. Tous nous ont parlé de leur sentiment de fraternité universelle. Aucun ne trouve à exprimer de sentiments hostiles ou du moins violemment hostiles au gouvernement anglais. En plusieurs cas, notamment à la Bourse du Travail de Manchester, nos camarades syndiqués ont porté un toast à la santé du roi. Nos amis ne paraissent point aussi prompts que nous à faire la critique de leur propre pays.

Nous avons vu nos camarades des syndicats s’asseoir à la table des patrons, nous inviter à en faire autant. Il semble que les relations aient une forme plus diplomatique entre syndicats ouvriers et syndicats patronaux.

Je ne sais si le siècle actuel assistera, comme l’indiquent certains symptômes, à la naissance d’une religion nouvelle. Elle aura droit à notre admiration si elle réussit à nous inculquer l’esprit de tolérance et l’horreur du despotisme, sentiments totalement ignorés de nos mentalités latines.

Les conséquences de la tyrannie exercée par les meneurs ouvriers ne s’aperçoivent que lorsqu’elles se manifestent sous forme de grèves ou d’insurrections, comme à Draveil, mais les plus dangereuses sont celles qu’on ne voit pas. Par leur action continue et l’accumulation de leurs effets, elles produisent une lente désagrégation des services publics et de l’industrie, c’est-à-dire des éléments de la vie sociale.

Redoutant le sabotage qui les ruinerait, certains de ne pas être soutenus par le gouvernement, chefs et patrons acceptent maintenant les yeux fermés toutes les exigences des ouvriers et tolèrent la réduction croissante de leur production. Ils se disent qu’après tout, ce sont des collectivités anonymes, actionnaires ou caisses publiques, qui supporteront les frais de cet état de choses.

La diminution du travail et, par conséquent, l’élévation des prix de revient, s’accroissent dans d’énormes pro-