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que des fédérations de syndicats industriels, sous la direction d’un conseil élu par ces syndicats.

Le tableau des conséquences de cette forme gouvernementale a été parfaitement tracé par un professeur au Collège de France, monsieur Renard, que sa qualité de socialiste humanitaire rend peu suspect. Je lui emprunte sa description  :

Querelles de ville à ville, de quartier à quartier, de famille à famille, interminable et monotone kyrielle de vendettas, d’émeutes, d’incendies, de meurtres, de barricades, d’exils, de confiscations, voilà le spectacle désordonné, tumultueux, qu’offrent pendant des siècles les communes italiennes, Florence la Belle aussi bien que les autres. En Italie on croirait à certains moments qu’on descend avec Dante dans un de ces cercles infernaux où se poursuivent, se débattent, se mordent, se dévorent des troupes de monstres, de démons et de damnés.

Dans son livre, Socialisme à l’Étranger, monsieur Quentin-Bauchard montre que ce régime syndicaliste était si oppressif pour l’ouvrier que l’on considéra partout comme un bonheur d’en être débarrassé, même au prix de dictatures militaires très dures. La Révolution se crut obligée d’abolir les corporations, infiniment moins tyranniques cependant que les tout-puissants syndicats des républiques italiennes.

Il n’est pas douteux, d’ailleurs, que l’effort de la civilisation, effort dont est sortie la constitution des grands États, a été de substituer l’intérêt général à des intérêts individuels et corporatifs toujours en lutte. Le syndicalisme est donc, en réalité, je le répète, une évolution régressive et non progressive.

Que des intérêts similaires se syndiquent, rien de plus naturel. Cela existe universellement. En Allemagne, notamment, les syndicats sont innombrables. Tous les corps d’état, bouchers, professeurs, magistrats, égoutiers, etc., sont pacifiquement syndiqués. En France seulement, se manifeste la prétention des syndicats de renverser l’État pour être les maîtres, et revenir à une forme de gouvernement que le progrès de la civilisation a fait disparaître depuis longtemps.

Si le syndicalisme triomphait un jour, nous verrions s’ouvrir une période d’anarchie à laquelle aucune organisation sociale ne saurait résister longtemps. Les peuples