Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Marie Kerfant ne répliqua mot, mais elle s'en alla toute pâle, tant elle était vexée de ce refus et de celte réprimande.

Quinze jours après, on apprenait sa mort.

Ses parents n'osèrent même pas recommander des' messes pour son âme, craignant qu'elle ne fût damnée.

Or, une nuit que la vieille Mac'harit, la femme de mon parrain^ tardait à s'endormir, elle entendit sur le banC'tosseiy près du lit, une voix qui demandait :

— Ma mère, dormez-vous ?

— Non, en vérité, répondît Mac'harit. Est-ce bien toi, ma fille, qui me parles ?

— Oui, c'est moi.

— Pourquoi, malheureuse, as-tu fait ce que tu as fait ?

— Parce que le père n'a pas voulu m'aider à m'é-tablir au Bailloré.

— Nous l'avons pensé depuis. Tu avais grand tort aussi d'être si exigeante...

— Ne parlons plus de cela.

— Puisque tu reviens, c'est que tu n'es pas damnée. Dis-moi cpmme vont tes affaires dans l'autre monde.

— Ma foi, jusqu'à présent je n'ai pas trop à me plaindre^ gr&ce à deux baisers que j'ai reçus de la Vierge^ après avoir été noyée. Toutefois la justice de Dieu est encore à venir*

Elle ne dit point ce que signifiaient ces paroles, et sa mère, se donna garde de la questionner là-dessus* La morte cependant ajouta :

  • — Priez mon homme^ de ma part, de ne point se