Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/26

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Sein combien leur cimetière est étroit, elles vous répondent par le dicton suivant :

Etre an Ênez hac ar Beg Eman heired ar gwazed,

[Entre Tlle et la Pointe (du Raz) est le cimetière des hommes].

(Communiqué par Le Bour. — Audierne.)

Les noyés, dont le corps n'a pas été retrouvé et enseveli en terre sacrée, errent éternellement le long des côtes.

Il n'est pas rare qu'on les entende crier, dans la nuit, lugubrement :

—lou !lou !

On dit alors, dans le pays de Cornouaille :

— E-man layinic-ann-ôd o iouall ! (Voilà lannic-ann-ôd, — Petit^Jean de la grève^ — qui hurle !)

Tous ces noyés hurleurs sont indistinctement appelés lannic-ann-ôd*.

lannic-ann-ôd n'est pas méchant, pourvu qu'on ne s'amuse pas à lui renvoyer sa plainte sinistre. Mais, malheur à l'imprudent qui se risque à ce jeu ! Si vous répondez une première fois, lannic-ann-ôd franchit

1. A l’île aux Moines, Fotr en or (Gars de la côte) représente à la fois le BugulNoz (Berger de nuit) des Bas-Vannetais et le Korrigan. Surles navires, il est tour à tour serviable et insupportable ; bien intentionné, il avertit les marins des gros temp^ (J. Loth, Annc^les de Bretagne, t. XVII, p. 424).