Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/36

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signe de la croix. Nous vous satisferons de noire mieux.

Le lendemain, Yann et Gaourantinn allèrent trouver le recteur de Plomeliu, Ils lui payèrent d^avance les vingt-cinq messes. Ils assislèrent eux-mêmes à toutes ;pour être sûrs des trente-trois assistants exigés, ils emmenaient chaque jour deQuimper leurs femmes, leurs enfants, leurs proches et leurs amis. Jamais on ne vit tanj ; de monde à la fois aux messes basses de Plomelin.

Le sixième jour, Yann dit à Gaourantinn :

— Si tu veux, nous nous rendrons à la Baie, cette nuit, pour savoir si ce que nous avons fait est bien fait ?..

-*- Soit, répondit Gaourantinn à Yann.

Et la nuit venue, ils descendirent la rivière dans leur chaloupe. Ils mouillèrent à l'endroit où ils avaient échoué six jours auparavant. Et ils attendirent. Bientôt, la lumière qu'ils avaient déjà vue commença de monter au-dessus des flots. Puis, la barque blanche se dessina, et dans la barque réapparurent les cinq fantômes. Ils avaient toujours leurs cirés blancs, mais les larmes noires n*y étaient plus. Leurs bras, au lieu d'être tendus en avant, étaient croisés sur leur poitrine. Leur face rayonnait.

Et, tout à coup, sonna une musique délicieuse'^ si

1. En Irlande, c'est lorsqu'un accident ou une mort doit arriver sur mer, qu'on entend une musique douce, accompagnant d'harmonieuses plaintes ; ce sont les fées qui réclament celui ou celle qui va mourir^ Pour empêcher le mauvais sort de s'accomplir, il