Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/127

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venue se mêler au cortège, elle se jeta dans un champ dont la barrière était ouverte. Elle attendit là, en regardant à travers les ajoncs du talus, que le convoi se fût éloigné. Elle s’apprêtait à quitter sa cachette, quand elle fut clouée sur place par la stupeur. Voici que, par la route, s’avançait d’un pas hésitant, un vieux à la figure jaune comme cire, et c’était son oncle, son oncle l’aveugle, qui suivait à distance son propre enterrement.

Pour le coup, Marie Creac’hcadic s’évanouit d’épouvante. Des gens qui passaient par le champ la trouvèrent une heure plus tard, qui gisait inerte dans le fossé. Ils la rapportèrent à Kervézenn, à demi morte[1].


(Conté par Marie Manchec, couturière. — Quimper.)


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  1. Cf. M. Blacque, Enterrement vu à l’avance, in Revue des Traditions populaires, t. VI, p. 398, juillet 1891. — [L. M.]