Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



XIII

Le moribond extrémisé par un prêtre mort


Lomm Grenn était journalier à la ferme de Kerniz. En ce temps-là il n’y avait pas d’horloges chez les riches, encore moins chez les pauvres gens. Lomm Grenn, pour savoir s’il était l’heure de se rendre à son travail, avait coutume de consulter la couleur du ciel. Dès qu’il le voyait blanchir, il se levait, s’habillait et se mettait en route. Une nuit, en se réveillant, il crut remarquer qu’il faisait clair-de-jour, et sauta promptement hors du lit.

C’était en hiver. Lomm partit, encore ensommeillé. Comme il allait par le grand chemin, il croisa un prêtre portant l’hostie, accompagné d’un enfant de chœur qui faisait tinter une clochette.

Le prêtre, en passant près de Lomm, lui dit :

— Suivez-moi !

On ne refuse pas d’obéir à un prêtre qui porte le bon Dieu. Lomm suivit, tête nue, en récitant des prières pour la personne qu’on allait extrémiser.

Le prêtre et l’enfant de chœur s’engagèrent dans une garenne :

— Tiens, pensa Lomm, il paraît que c’est à Trégloz qu’il y a quelqu’un de malade. Probablement, le vieux Guilcher.