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LIII

Le pendu


C’étaient deux jeunes hommes. L’un s’appelait Kadô Vraz, l’autre Fulupik Ann Dû. Tous deux étaient de la même paroisse, s’étaient assis, au catéchisme, sur le même banc, avaient fait ensemble leurs premières Pâques, et depuis lors ils étaient restés les meilleurs amis du monde. Lorsqu’aux pardons, on voyait paraître l’un d’eux, les jeunes filles se poussaient du coude et chuchotaient en riant :

— Parions que l’autre n’est pas loin !

Il eût fallu marcher longtemps avant de trouver une amitié plus parfaite que la leur.

Ils s’étaient juré que le premier d’entre eux qui se marierait prendrait l’autre pour « garçon de noce ».

— Damné sois-je, avait dit chacun d’eux, si je ne suis pas de parole.

Le temps vint qu’ils tombèrent amoureux, et le malheur voulut que ce fût de la même héritière. Leur amitié toutefois n’en souffrit point dans les débuts. Ils firent leur cour loyalement à la belle Marguerite Omnès, ne médisant jamais l’un de l’autre, fréquentant même de compagnie chez Omnès le vieux et se portant des santés réciproques avec les pleines écuellées de cidre que Margaïdik leur versait.

— Choisis de nous celui qui te plaira le plus,