Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/404

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La marraine ne se fît pas prier. Arrivée à l’hôtel, elle vit la princesse et se prit pour elle d’une vive amitié.

— À quand la noce ? dit-elle, en se tournant vers Jean Carré.

— Quand il vous plaira, marraine.

— En ce cas, le plus tôt possible.

Quinze jours après, le mariage eut lieu. Croyez que ce fut une belle noce. Au bout de treize mois, la princesse accouchait d’un fils à qui l’on donna les noms de Jean-Barbaïk.

Le père, Jean Carré, vécut deux ans près de sa marraine, de sa femme et de son enfant, uniquement occupé de les aimer tous les trois. Mais, dans le cours de la troisième année, il commença à prendre un air d’ennui.

— Il te manque quelque chose, lui dit un jour sa marraine.

— Oui, il me manque la mer.

— Y songes-tu ? abandonner la femme, ton fils ! Je ne te parle pas de moi qui ne suis que ta marraine.

— Que voulez-vous ? Je ne suis pas fait pour vivre les pieds au feu, comme tant d’autres. Laissez-moi accomplir encore un voyage. Je vous reviendrai ensuite, et je ne vous quitterai plus.

— Tu jures au moins que ce voyage sera le dernier ?

— Je le jure.

— Pars donc.

Le soir même, la marraine annonça à la princesse que Jean Carré, pour la dernière fois, allait reprendre la mer.