Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/46

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plus compris le rôle que jouaient là les rognures d’ongles. Mais ces morceaux d’ongles, il faut qu’ils aient été coupés avec les dents. Peut-être cette prescription résulte-t-elle de la propriété que possède partout le fer de briser les enchantements[1].

Peut-être pourrait-on retrouver aussi, dans l’idée qu’il est dangereux de contrefaire la mort par plaisanterie, les traces de la conception ancienne que la représentation symbolique d’un phénomène peut déterminer son apparition. Sans doute dans les récits qu’a recueillis M. Le Braz, la mort qui frappe le mauvais plaisant est représentée comme un châtiment divin, mais il est fort possible que ce soit là une interprétation chrétienne très récente d’une croyance ancienne. C’est en effet un des principes fondamentaux de la philosophie des peuples primitifs que cette croyance qu’il suffit d’imiter un phénomène pour le faire se produire, de répandre

  1. Il semble au premier abord que ce soit en raison de cette puissance du fer et de cette aversion qu’il inspire aux esprits, que ses instruments de travail constituent une protection pour le paysan ou le tailleur, attardés la nuit sur les chemins, mais M. Sauvé rapporte qu’il n’est pas, pour les lutins et les nains de plus terrible épouvantail que le carsprenn, la petite fourche dont on se sert pour nettoyer le soc de la charrue, or cette petite fourche est en bois. Mélusine, t. III, 1886-87, c. 358. — Voir à ce sujet les textes réunis par M. J. G. Frazer, Golden Bough, I, p. 172-75, et aussi Hartland, The science of fairy tales, p. 50-57, 126, 164, 306.