Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/62

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Parfois aussi un fils, que la coupable complaisance, l’indulgence aveugle de sa mère ont conduit de péché en péché jusqu’à la damnation éternelle, revient lui reprocher le malheur auquel l’a condamné sa maladroite bonté.

Mais ce sont là des faits très exceptionnels et les récits qui les rapportent sont nettement empreints d’un caractère ecclésiastique ; ce sont presque toujours des légendes édifiantes et morales beaucoup plutôt que l’expression spontanée et irréfléchie des croyances populaires. Les seuls damnés qui jouent un rôle important dans les légendes d’origine vraiment populaire, ce sont les damnés qui, malgré la condamnation divine, n’ont point été précipités dans l’enfer et sont restés sur la terre des vivants dans les demeures des hommes. Ces damnés-là ne peuvent à coup sûr rien apprendre à personne sur l’enfer qu’ils ne connaissent point et, pour les obliger à se rendre au séjour qui leur a été assigné par Dieu, il faut employer les exorcismes et les conjurations.

Les élus ne sont point enfermés dans le paradis comme les damnés dans l’enfer, mais ils en sortent rarement. Ces morts secourables, qui viennent comme des génies protecteurs du foyer habiter les maisons de ceux qu’ils aimaient, ce sont presque