Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/63

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toujours de pauvres âmes qui attendent encore que la bonté de Dieu leur ouvre enfin les portes du ciel. Dans certaines légendes cependant apparaissent des âmes qui viennent du paradis de Dieu, toutes radieuses de candide lumière ; elles marchent à côté du héros de la légende, à travers les mille périls qu’il rencontre ; elles le conduisent sain et sauf au but marqué qu’il lui faut atteindre. Mais de leur vie auprès de Dieu, de ce monde mystérieux où elles vivent, elles ne disent rien, elles accomplissent presque en silence leur mission de salut, puis, comme un rayon de lune, remontent au ciel d’où elles sont descendues. Il n’est même pas bien certain que l’imagination populaire les distingue nettement des anges. C’est parfois l’une de ces âmes qui s’acquitte du rôle dévolu d’ordinaire à l’ange gardien.

C’est donc bien, semble-t-il, le désir passionné de savoir quelque chose de ce monde mystérieux de souffrance infinie ou d’éternelle félicité, qui a fait revenir sans cesse les conteurs bretons, comme à un sujet préféré, au voyage des vivants vers l’enfer ou le paradis.

Mais il y a à la très grande abondance des contes de ce type une autre raison encore que nous avons indiquée plus haut : beaucoup de ces récits ne sont