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DE LA VIE DE MAHOMET.

mans s’enflamma. Tous crièrent aux armes ; et pour se dévouer plus particulièrement au service de leur apôtre, ils lui prêtèrent volontairement serment d’obéissance et de fidélité, et jurèrent de le servir jusqu’à la mort. Il promit de son côté qu’il leur serait fidèle aussi long-temps qu’ils formeraient une assemblée. Le ciel applaudit à cet acte généreux. « Dieu regardait d’un œil de complaisance les croyans, lorsqu’ils te prêtaient serment de fidélité sous l’arbre. Il lisait au fond de leurs cœurs. Il leur envoya la sécurité. Une victoire éclatante (la prise de Khaïbar) a couronné leur dévouement. Un riche butin en a été le prix[1]. » La violence des idolâtres n’avait servi qu’à cimenter la puissance de Mahomet. Satisfait d’avoir tiré un parti aussi avantageux d’un événement si contraire en apparence, il se disposait à venger l’affront fait à son ambassadeur ; mais les Coreïshites, revenus de leur premier emportement, avaient réfléchi à l’injustice de leur conduite, et aux maux qui allaient en être les suites. Ils rendirent la liberté à Otman, et envoyèrent Sohaïl pour demander la paix. L’apôtre des Musulmans ne pouvant s’y refuser sans manquer à ses principes et sans passer pour tyran aux yeux des Arabes, se détermina à la conclure. « Hé quoi ! lui dit Omar, de vrais croyans peuvent-ils contracter une alliance avec des idolâtres ? Je suis le serviteur et l’apôtre de Dieu, répondit Mahomet, puis-je sans craindre sa colère m’opposer à ses décrets. Il commande et j’obéis[2].» Lorsque les articles furent réglés, il appela Ali, et lui dit, Écrivez : Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Je ne connais point ce style, lui représenta Sohaïl ; qu’on écrive : En ton nom, ô Dieu ! Écrivez, ajouta Mahomet : Telles sont les conditions auxquelles Mahammed, apôtre de Dieu, fait la paix. Permettez, reprit Sohaïl, que je vous dispute ce


  1. Le Coran, ch. 48, verset 18.
  2. Abul-Feda, page 87.
f
Ire. part.