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ABRÉGÉ


MAHAMMED,
raçoul
Allah.

Cette démarche lui ayant paru de la dernière importance, il monta dans la tribune, d’où il avait coutume de haranguer le peuple, et déclara son dessein publiquement. Après avoir célébré les louanges de Dieu, et fait la profession de foi, il prononça ces mots : « Musulmans, j’ai dessein de choisir parmi vous des ambassadeurs pour les envoyer aux rois étrangers. Ne vous opposez point à mes volontés. N’imitez pas les enfans d’Israël qui furent rebelles à la voix de Jésus. » Les Mohagériens s’écrièrent : « Apôtre de Dieu, nous prenons le ciel à témoin que nous t’obéirons jusqu’à la mort. Ordonne, nous sommes prêts à partir. »

Le premier des souverains à qui Mahomet envoya des ambassadeurs fut Cosroës, roi de Perse. Abdallah, fils d’Ozafa, lui remit sa lettre de créance[1]. Le prince fit appeler un interprète pour la lire. Elle commençait par ces mots : Mahomet, apôtre de Dieu, à Cosroës, roi de Perse. Cette inscription l’irrita. Il avait conservé le faste des souverains de sa nation. Son orgueil fut humilié de voir un nom écrit avant le sien. Il prit la lettre et la déchira, en disant : Est-ce ainsi qu’un esclave ose écrire à son maître ? Ces paroles ayant été rapportées à Mahomet : Dieu, dit-il, mettra en pièces son royaume. Cosroës ne crut pas l’audace de celui qu’il traitait d’esclave assez punie. Il écrivit à Badhan, son vice-roi dans l’Arabie Heureuse, de lui envoyer sur-le-champ cet insensé qui faisait le prophète dans la province d’Elhejaz[2]. Badhan dépêcha deux courriers à


  1. Abul-Feda, p. 93.
  2. Elhejaz est une partie de l’Arabie Petrée. C’est dans cette province qu’est située Médine.