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VIJ
PRÉFACE.

coup de fables et de répétitions, des traits sublimes et un enthousiasme propre à subjuguer des peuples d’un naturel ardent.

La traduction que j’offre au public a été faite en Égypte. Je l’ai entreprise sous les yeux des Arabes, au milieu desquels j’ai vécu pendant plusieurs années. C’est après avoir conversé avec eux, après avoir étudié leur mœurs, et le génie de leur langue, que j’ai mis la dernière main à cet ouvrage. Si le Coran, exalté dans tout l’Orient pour la perfection du style et la magnificence des images, n’offre sous la plume de Du Ryer qu’une rhapsodie plate et ennuyeuse, il faut en accuser sa manière de traduire. Ce livre est divisé en versets comme les Psaumes de David. Ce genre d’écrire adopté par les Prophètes, permet à la prose les tours hardis, les expressions figurées de la poésie. Du Ryer, sans respect pour le texte, a lié les versets les uns aux autres et en a fait un discours suivi. Pour opérer cet assemblage difforme, il a recours à de froides conjonctions, à des bouts de phrase qui détruisant la noblesse des idées, le charme de la diction, rendent l’original méconnaissable. En lisant sa traduction, on ne s’imaginerait jamais que le Coran est le chef-d’œuvre de la langue Arabe, féconde en grands écrivains : c’est cependant le jugement qu’en a porté l’antiquité. Je citerai à ce sujet, un trait consacré dans l’histoire.

Les poëtes jouissaient de la plus haute considération en Arabie. Leurs meilleurs ouvrages, affichés sur la porte du Temple de la Mecque, étaient exposés aux regards du public. L’auteur qui, au jugement des