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ABRÉGÉ

leurs débris, il accomplit les sept circuits sacrés autour du temple, et toucha avec un respect religieux l’angle de la pierre noire[1]. Avant d’y entrer, il en fit arracher des portraits[2] de femmes, objets d’un culte sacrilége. A la vue des tableaux où Abraham et Ismaël étaient représentés tenant en main les flèches du sort, il s’écria : « Malheur aux idolâtres ! Ils ont peint nos respectables patriarches d’après leurs idées superstitieuses. Qu’ont de commun avec Abraham et Ismaël, les flèches du sort ? » Après avoir détruit tous les objets encensés par la superstition, il entra dans le temple, prononça la formule, Dieu est grand, etc., et fit la prière avec deux inclinations. De là il se rendit au puits de Zemzem, découvert par l’ange à Agar. Il s’y désaltéra, et fit l’ablution sacrée. Ces diverses cérémonies remplies, il assembla les Coreïshites, et leur dit[3] : « Il n’y a qu’un Dieu. Il a accompli ses promesses, et a secouru son serviteur. Lui seul a renversé les bataillons ennemis. Il m’a donné l’empire sur vous, et s’est servi de mon ministère pour vous faire abjurer l’idolâtrie. Vous n’accorderez plus les honneurs divins à des pierres insensibles. Vous ne décernerez plus un culte sacrilège à nos pères Abraham et Ismaël, qui sont des hommes comme nous. Mortels ! nous vous avons formés d’un homme et d’une femme ; nous vous avons partagés en peuples, en tribus, afin que l’humanité règne au milieu de vous. Le plus estimable aux yeux de l’Éternel, est celui qui le craint[4]. » Il devait la prise de la Mecque à la force de ses armes[5]. La conquête lui donnait le


  1. Abul-Feda, page 107.
  2. Les Arabes croyaient que les anges étaient les filles de Dieu. Ils les représentaient sous la forme d’une femme, et leur rendaient des honneurs divins.
  3. Jannab.
  4. Le Coran, chap. 40, verset 13, tome 2.
  5. Abul-Feda, page 107.