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DE LA VIE DE MAHOMET.

gion, qu’il l’avait fait pour ses idoles[1]. Il fut tué à la bataille de Bermuc, sous le califat d’Abubecr.

Le second proscrit fut Hobar. C’était un homme riche, qui avait outragé Mahomet, et insulté ses filles de concert avec Hawaïret. Il se cacha avec tant de soin, qu’il se déroba aux recherches des satellites. Dans la suite, pressé par le repentir, et par la crainte d’être découvert, il se rendit à Médine, et se fit musulman. Comme il sollicitait l’oubli du passé, Mahomet lui dit : « ô Hobar ! je vous ai pardonné. L’islamisme efface tous les crimes commis dans le temps d’ignorance. »

[2] Le troisième fut Abdallah, fils de Saad, un des chefs les plus distingués de la tribu des Coreïshites. D’abord musulman et secrétaire de Mahomet, il écrivait les versets du Coran sous sa dictée. Enflé de ses connaissances, il devint le censeur de son maître. Il changeait des mots, tronquait des versets, et se moquait du Coran avec ses amis. La fraude ayant été découverte, il abjura l’islamisme. Après la prise de la Mecque, Othman l’amena au prophète et sollicita sa grâce[3]. Il ne l’obtint qu’après des instances réitérées. Lorsqu’il se fut retiré, Mahomet dit à ses officiers : « Je n’opposais une si longue résistance, que pour vous laisser le temps de me défaire de ce fourbe. » Ne deviez-vous pas, lui répondirent-ils, nous marquer par un signe votre intention ? Un signe perfide, ajouta Mahomet, est indigne d’un prophète[4]. Abdallah vécut jusqu’au califat d’Othman, qui le fit gouverneur d’Égypte. Il était excellent écuyer, et aimait passionnément les chevaux. Il récita en mourant le chapitre des coursiers[5].


  1. L’auteur du livre Chafat Elgeran.
  2. Jannab.
  3. Abul-Feda, page 109.
  4. Jannab.
  5. Le Coran, chap. 10.