Page:Le Coran (Traduction de Savary, vol. 1), 1821.pdf/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
ABRÉGÉ

vais espéré que le ciel me fournirait les moyens de sortir de la Mecque. Si les Coreïshites avaient forcé le château d’Abutaleb où je m’étais retiré, je serais allé chercher un asile parmi vous. O Dieu ! fais miséricorde aux Ansariens et aux enfans des Ansariens. » Honorés de tant de confiance, pénétrés de ces tendres reproches, les gardes de Mahomet se retirèrent satisfaits. Lorsque tout fut terminé, un Musulman dont l’histoire ne nous a conservé que le surnom de Zou el Khowisara (auteur de la calomnie), osa dire en face à son général, qu’il n’en avait pas usé avec équité dans le partage du butin. « Malheureux ! lui dit Mahomet, si la justice n’est pas chez moi, où se trouvera-t-elle[1] ? » Omar voulut abattre la tête de l’insolent. « Laissez-le, ajouta le prophète, il doit donner le jour à une race qui sortira du sein de la religion, comme la flèche sort de l’arc, et qui n’y rentrera plus[2]. »

La victoire ayant soumis à l’islamisme la plupart des tribus arabes, leurs chefs, entraînés par des bienfaits, étant devenus ses appuis, Mahomet alla rendre grâces au ciel de ses succès. Il se rendit à la Mecque avec un cortége peu nombreux. Il visita les lieux saints, et accomplit les cérémonies d’usage. Partout il fit paraître ce respect religieux qui, imprimant dans les esprits une idée sublime du Dieu que l’on sert, réfléchit sur le ministre une partie de sa gloire. Ces devoirs sacrés étant remplis, il s’occupa des affaires du gouvernement, et nomma aux principaux emplois, Otab, fils d’Ozaïd, qu’il avait établi son lieutenant ; et Moadh, qu’il avait créé ïman, ou grand pontife, furent confirmés dans leurs charges. Le premier pré-


  1. Abul-Feda, p. 119. Jannab, p. 240.
  2. Si l’on en croit les historiens arabes, la prédiction s’accomplit. Zou Elkowisara donna le jour à Harkoud, surnommé Zou Elmezma (digne de blâme), qui fut le chef des Kharegites ou schismatiques, révoltés contre l’autorité de Yiman, grand pontife de la religion.