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ABRÉGÉ

les enfans d’Abdmenaf[1] ne souffriront pas que le meurtrier de leur parent foule plus long-temps la terre. Que ne vas-tu plutôt trouver ta sœur et Saïd son mari ? Ils sont musulmans ». Omar, à cette nouvelle, sentit, redoubler son indignation, mais elle changea d’objet. Il tourna ses pas vers la maison d’Amena sa sœur. On y lisait le chapitre du Coran, qui a pour titre, T. H. Il entendit réciter quelques versets, et entra. Aussitôt qu’on l’aperçut, on cacha le volume, et tout le monde garda le silence. « Quel livre lisiez-vous ? » demanda-t-il à sa sœur. Elle refusa de le satisfaire. Omar, ne se possédant plus, lui donna un soufflet, et lui commanda d’obéir. « Vos outrages sont inutiles, lui répondit Amena. Nous ne pouvons vous accorder ce que vous désirez. Daignez-nous excuser. Ce refus est une loi nécessaire ». Omar, devenu plus calme, fit de nouvelles instances, et promit de rendre fidèlement le dépôt qu’on lui confierait. Amena ne résista pas plus long-temps, et lui remit le Coran. Il en lut plusieurs versets ; et, l’enthousiasme prenant la place de la violence, il s’écria : « Que cette doctrine est sublime ! Combien je la révère ! je brûle d’embrasser l’islamisme. Où est Mahomet ? » — « Au château de Safa[2]. » C’était-là qu’il s’était retiré pour éviter la persécution des Coreïshites. Environ quarante fidèles tant hommes que femmes, rassemblés autour de lui, s’instruisaient dans la nouvelle religion. Hamza, Abubecr et Ali, étaient de ce nombre. Le nouveau prosélyte s’y fit conduire. Il frappe à la porte. On ouvre. La vue d’Omar, couvert de ses armes, jeta l’effroi dans l’assemblée. Mahomet, inaccessible à la crainte, se leva, courut à lui, et le prenant par le bord de son manteau le pressa d’entrer. « Fils de Kettab, lui dit-il, avez-vous dessein de rester sous ce portique, jusqu’à ce que le toit vous tombe sur


  1. Abdmenaf était le nom propre d’Abulaleb.
  2. Abul-Feda, page 25.