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DE LA VIE DE MAHOMET.

mettait ses jours en danger ; mais la mort n’effraie point l’ambitieux. Cependant il s’adressait plus volontiers aux tribus étrangères, qu’aux citoyens de la Mecque. Un jour qu’il était sur une colline nommée Acaba[1], il rencontra six habitans d’Yatreb qui conversaient ensemble.

( Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6014. — Depuis la naissance de J.-C. 629. — Avant l’Hégire. 21. — De Mahomet. 51. — De sa mission, 11. )

Il s’approcha d’eux, et prit part à la conversation. La grâce avec laquelle il s’énonçait charma les étrangers. Ils reconnurent le langage poli, l’urbanité d’un Coreïshite[2]. Ils l’écoutèrent avec attention. Mahomet, s’apercevant de l’impression qu’il faisait sur eux, voulut achever de les convaincre. Il leur récita quelques versets du Coran, où il fait des peintures brillantes de la puissance divine, et où il invite tous les humains à embrasser le culte du seul dieu de l’univers. Les étrangers, frappés d’admiration, se soumirent au joug de l’islamisme, et crurent à la mission de Mahomet[3]. L’enthousiasme qu’il leur avait inspiré ne s’effaça point. De retour à Médine, ils devinrent les apôtres de la nouvelle doctrine, et la prêcheront à leurs concitoyens[4]. La ville était partagée entre les Awasites


  1. Acaba est le nom d’une colline à peu de distance de la Mecque. Les enfans de Tafr y avaient une maison de campagne où Mahomet se retirait souvent. Abul-Feda.
  2. Les Coreïshites formaient la tribu la plus distinguée et la plus puissante de toute l’Arabie. Ils parlaient l’arabe le plus pur et le plus élégant.
  3. Abul-Feda, page 30.
  4. Lorsque Moïse traversait, à la tête du peuple hébreu, les déserts de l’Arabie, il envoya une armée combattre les Amalécites qui habitaient Yatreb et Khaibar, et quelques places voisines de la province del Hejaz. Il leur commanda de passer tous les ennemis au fil de l’épée. L’ordre fut exécuté à la rigueur. Les Israélites, ayant remporté la victoire, exterminèrent ces peuples. Ils vinrent ensuite occuper des villes où ils n’avaient point laissé d’habitans. Ils en demeurèrent en possession jusqu’au temps où l’Aram, ayant rompu ses digues, inonda l’Arabie-Heureuse. Ce fut alors que les Awasites et les Cazregites, échappés aux eaux, se sauvèrent dans l’Hejaz. Ils chassèrent les Juifs d’Yatreb ; mais ils leur laissèrent Khaibar et plusieurs autres forteresses. Abul-Feda. Histoire universelle, prem. part., au chap. des Amalécites.