Page:Le Coran (Traduction de Savary, vol. 1), 1821.pdf/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
DE LA VIE DE MAHOMET.

treize soldats ; mais cette petite troupe était entièrement composée de Mohagériens et d’Ansariens, tous déterminés à vaincre ou à périr. Deux chevaux et soixante-dix chameaux formaient toute leur cavalerie. Arrivé à Safra[1], port de la mer Rouge, il apprit que la caravane approchait de Beder, et que les idolâtres s’avançaient pour la défendre. Il partit sur-le-champ, et marcha avec tant de diligence, qu’il prévint les ennemis, et campa sur leur passage. Retranché près du puits de Beder, et maître de l’eau, il attendit les Coreïshites dans ce poste avantageux. Ils ne tardèrent pas à paraître. Assis avec Abubecr sous un dais de feuillage que ses soldats lui avaient élevé, il s’écria : « Seigneur ! voici les idolâtres. L’orgueil et le faste accompagnent leurs pas. Ils viennent pour accuser ton apôtre d’imposture. Seigneur, envoie-moi le secours que tu m’as promis. » Les deux armées ne furent pas plutôt en présence, que, du côté des Coreïshites, Otba, Shaïba et Walid, descendirent dans l’arène. Mahomet envoya contre eux Obaïda, Hamza et Ali. Les rivaux en vinrent aux mains, et combattirent vaillamment pour soutenir l’honneur de leurs partis. Hamza et Ali, vainqueurs de leurs adversaires, coururent au secours d’Obaïda, qui, quoiqu’il eût eu le pied coupé, se défendait courageusement[2]. Ils renversèrent son ennemi, et le laissèrent avec les deux autres, étendu sur le sable. Ce succès fut d’un heureux présage pour les croyans[3]. Ils conjurèrent leur apôtre de ne point exposer ses jours, et d’invoquer le ciel tandis qu’ils combattraient. Il parut céder à leurs instances. Les deux troupes, animées également par la haine et le fanatisme, se chargèrent avec fureur. Les idolâtres étaient trois fois supérieurs en nombre, mais Mahomet commandait les croyans. Tandis qu’ils repoussaient


  1. Le géographe el Edris.
  2. Abul-Feda, page 58.
  3. Jannab.
d
Ire. part.