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ABRÉGÉ

rivage ennemi, dit : Compagnons, le pays est à nous, je, viens d’en prendre possession.

A peine le retranchement était achevé, que les confédérés parurent. Les Coreïshites, auxquels s’étaient joints les Kenanites, formaient un corps de dix mille combattans. Les Gatfanites et les autres habitans de la province de Najd, marchaient après eux. Les Coraïdites, commandés par Caab, fils d’Açad, composaient l’arrière-garde de l’armée. Les environs de Médine furent couverts de tentes et de drapeaux[1]. Les casques et les boucliers réfléchissaient au loin la lumière du soleil. Une forêt de lances semblait être sortie tout à coup de la terre. Cet appareil guerrier jeta la terreur parmi les Musulmans[2]. Les uns alarmés gardaient un morne silence ; les autres murmuraient. Les idolâtres qui se trouvaient encore à Médine, éclataient en reproches. Moatteb, un des plus séditieux, criait aux malintentionnés : « Mahomet nous promettait, il n’y a qu’un instant, les trésors de Cosroës et d’Héraclius, et il ne sait maintenant où se cacher. »

Immobile au milieu des clameurs d’un peuple consterné, le général des croyans leur offrait l’exemple de la constance. La sérénité paraissait sur son front, et il donnait ses ordres avec une tranquillité étonnante. Après avoir laissé le gouvernement de la ville à Ebn om Mactoum, il sortit à la tête de trois mille soldats, et les disposa entre les remparts et le retranchement. Résolu d’assaillir les ennemis à l’in-


  1. Abul-Feda, p. 76.
  2. Le Coran, chap. 33, verset 10, offre un tableau frappant de ces alarmes.

    « Enveloppés par les ennemis, vous détourniez vos regards consternés ; vos cœurs, en proie aux plus vives alarmes, formaient de Dieu des pensées différentes. »

    « Les fidèles furent tentés, et éprouvèrent de violentes agitations. Les impies et ceux dont le cœur est gangrené disaient : Dieu et le prophète ne nous ont annoncé que des mensonges. »