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DE LA VIE DE MAHOMET.

aient la liberté d’épouser les femmes de leurs fils adoptifs, après leur répudiation. Le précepte divin doit avoir son exécution. »

Cette loi fit taire les murmures, et le complaisant Zaïd vit son nom écrit dans le Coran. C’est le seul des compagnons de Mahomet qui ait eu cet honneur.

( Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6221. — Depuis la naissance de J.-C. 636. — Avant l’hégire. 6. — De Mahomet. 58. )

Au commencement de cette année, Mahomet envoya Ebn Salama avec un détachement de cavalerie contre les enfans de Becr, rassemblés à d’Haria, bourg situé sur la route de la Mecque à Bosra. Cet officier, se reposant le jour et marchant la nuit, surprit les ennemis dispersés dans la campagne[1]. Il en tua quelques-uns, mit les autres en fuite, et fit prisonnier Themama, leur chef. Il revint à Médine avec cinquante chameaux et trois mille brebis qui furent partagés entre les soldats. Il présenta au prophète le prince des Becrites. Mahomet le traita avec bonté. Flatté de l’accueil qu’il avait reçu, Themama se fit musulman. Il eut sa liberté. De retour dans son pays, il devint un ennemi redoutable pour les Mecquois, attaquant et pillant toutes les caravanes qui passaient sur ses terres. Leur ayant enlevé plusieurs convois de blé, ils se trouvèrent réduits à la dernière extrémité. Pressés par la famine, ils eurent recours à Mahomet, et le prièrent d’arrêter les courses de Themama. Il lui écrivit ces deux mots : Conservez mon peuple, et laissez passer ses convois. Themama obéit. Ce trait de générosité envers des ennemis mérite de trouver place dans l’histoire.

Six mois s’étaient écoulés depuis la ruine des Coraïdites[2]. Mahomet avait laissé ce temps à ses troupes pour


  1. Jannab, p. 139. Course contre les Becrites.
  2. Abul-Feda, p. 80.