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LE CORAN.


76Caron, un des Israélites, s’était abandonné à l’orgueil. Nous lui avions départi des richesses immenses. Plusieurs hommes robustes auraient eu peine à porter les clefs qui les tenaient enfermées. Ne te livre point aux excès de la joie, lui dirent les Hébreux ; Dieu hait la joie insolente.

77Efforce-toi d’acquérir, avec les biens que tu possèdes, le séjour éternel. N’oublie pas la portion dont tu as été favorisé dans ce monde. Sois bienfaisant comme Dieu l’a été envers toi. Ne souille pas la terre de tes crimes. Dieu hait les corrupteurs.

78Mes trésors, répondit Caron, sont le prix de ma science. Ignorait-il que Dieu a exterminé des peuples puissans et nombreux ? Mais les scélérats ne seront point interrogés sur leurs forfaits.

79Caron s’avançait vers le peuple avec pompe. Ceux pour qui la vie mondaine a des charmes disaient : Plût à Dieu que nous fussions aussi riches que Caron ! Il possède une fortune immense.

80Malheur à vous, disaient ceux que la science éclairait ! La récompense que Dieu prépare au croyant vertueux est bien préférable. Elle n’est destinée qu’à ceux qui souffriront avec patience.

81Nous ouvrîmes la terre. Caron[1] et son palais furent engloutis. Le nombre de ses esclaves ne put


  1. Caron ou Coré, le plus riche et le plus beau des enfans d’Israël, avait fait bâtir un palais magnifique. Il avait formé un parti parmi les Hébreux, et songait à devenir leur chef. Il gagna à prix d’or une femme qui devait déclarer publiquement que Moïse avait eu commerce avec elle. Un jour que le prophète faisait un discours au peuple, et qu’il prononçait la peine de mort contre l’adultère, Caron se leva et lui dit : Si tu étais toi-même coupable de ce crime, quelle devrait être ta punition ? La mort, répondit Moïse. Aussitôt on fit paraître la femme apostée ; mais, loin de calomnier l’innocence, elle découvrit le complot. Moïse à l’instant s’écria : O terre engloutis les scélérats, et la terre les engloutit. Ismaël ebn Ali, au chapitre de Caron.